Lunch with Charles : Introduction
"Lunch with Charles" a été tourné en 2000. C'est une période charnière dans la carrière de Nick : cette année-là, il joue dans un seul épisode des X-Files, mais c'est Requiem, où le personnage de Krycek choisit plus franchement son camp, en expédiant ad patres le fumeur et en collaborant avec le FBI - même s'il sert surtout ses propres intérêts, et probablement ceux de la Résistance.
Nick participe pendant six mois au tournage de "Vertical Limit", son premier très gros film. En même temps, il prend une part active à deux "petits" films, des indépendants canadiens tournés à domicile : "L'éléphant magique" et "Lunch with Charles". Si le premier, retenu par Disney, est largement distribué à la télévision (même chez nous), le second reste confidentiel, malgré sa qualité reconnue dans plusieurs festivals.
On peut le définir comme une "comédie sentimentale". C'est aussi un "road movie" (on se déplace beaucoup dans les merveilleux paysages de l'ouest canadien). On peut aussi le voir comme un vaudeville, où les portes qui claquent sont remplacés par les téléphones qui sonnent... Et c'est également un film musical, grâce à la contribution des Finnegan's Wake. Amateurs de musique celtique moderne, à vos écouteurs.
C'est une charmante histoire d'amour à quatre (et même à six, si l'on compte Cora et Sean), la rencontre et parfois le choc de deux cultures (trois, encore une fois, si l'on ajoute l'Irlande). D'un point de vue technique, c'est aussi la première fois que des chinois venaient tourner un film à Vancouver, à la grande surprise de la douane (c'est un incident réel qui a inspiré l'accueil plutôt brusque de Tong à l'aéroport de Vancouver).
Le quatuor de comédiens est simplement magique. On devine le plaisir qu'ils ont trouvé à jouer ensemble. Nick tenait tant à ce projet qu'il a accepté le poste de "producteur exécutif" - une manière de réduire son cachet et de participer ainsi au financemet du film. Comme le réalisateur Michael Parker l'explique dans son entretien avec Sharon, il avait une idée bien précise de l'histoire et le résultat est conforme à ses ambitions.
Sous des dehors légers, l'histoire est douce-amère. Habitudes qui retiennent - mal - les couples unis, rencontres qui hésitent entre le coup de foudre et l'amitié naissante, scènes mélancoliques et humoristiques se succèdent sans détonner. C'est une merveilleuse occasion pour Nick de montrer une facette peu connue de son talent, même si on l'a vu aborder la comédie dans "Highlander" (A tous prix) et exprimer des sentiments plus tendres dans "Jake and the Kid" ou "Lonesome Dove". C'est aussi une façon d'affirmer ses propres idées sur la vie. Ce n'est pas un hasard si on y retrouve une atmosphère proche de celle de "L'éléphant magique".
En conclusion, je considère "Lunch with Charles" comme un film de la maturité, qui a marqué un véritable tournant dans la carrière de Nick Lea. Tous les personnages du film sont à un croisement de leur vie et on suit leur évolution au cours de l'histoire. C'est le genre de rôle auquel Nick apporte sa subtilité, son authenticité et son jeu tout en nuances.