L'article original est disponible sur le site de nicklea.com.
(SHIVERS n° 39 de mars 1997)
TUNGUSKA
C'est reparti ! Une nouvelle histoire en deux parties qui pose plus d'énigmes qu'elle n'en résout. Mais la première partie, au moins, est un tour de force [en français dans le texte, NdT] qui voit le retour d'Alex Krycek, continue avec le mystère extraterrestre commencé dans "Piper Maru" (probablement) et conduit Mulder au coeur du mystère explosif de 1908 à Tunguska, en Russie. Elle aborde également les spéculations actuelles à propos de l'existence d'une vie bactérienne sur Mars (récemment détectée dans des météorites arctiques).
Le pré-générique commence avec Scully sur la sellette lors d'une audition au Congrès. Ses courageuses tentatives pour mettre en lumière la faction illégale à l'intérieur du gouvernement sont contrées par les questions sévères du sénateur Sorenson, qui semble plutôt déterminé à arracher à Scully la localisation actuelle de son partenaire.
L'histoire proprement dite commence (a commencé ?) dix jours plus tôt quand un diplomate pénètre dans l'aéroport de Honolulu avec un matériel non identifié présentant un danger biologique. (Cette scène qui donne des frissons, au cours de laquelle un officier des douanes est victime des conséquences surnaturelles de sa propre maladresse, était probablement le pré-générique original.) Ces évènements précèdent un autre "accident" dans un laboratoire de la NASA, impliquant une roche martienne - et la tension dans la scène suivante n'est que plus palpable parce que nous nous attendons à ce qui va suivre. Une chaîne d'évènements paralysants expose finalement Mulder à une expérimentation atroce - un moment d'horreur dans un goulag Russe isolé qui amène un cliffhanger magistral - encore une fois, d'autant plus accrocheur que nous savons déjà à quoi nous en tenir.
Les acteurs sont au meilleur de leur forme, particulièrement Nicholas Lea en tant que Krycek, dont l'usage expert de la langue russe impressionne grandement. La distribution est habilement soutenue par le réalisateur Kim Manners - sans aucun doute familier avec son matériel après avoir dirigé l'épisode de la saison précédente "Apocryphe". Après une ouverture surprenante, les évènements se construisent logiquement, l'un après l'autre, conduisant à un cliffhanger énorme, mais le besoin d'accélérer l'histoire a occasionnellement forcé les scénaristes Frank Spotnitz et Chris Carter à se rabattre sur des stratagèmes d'intrigues et une supposition - une roche inconnue est introduite dans un laboratoire de la NASA, alors que peut-être un géologue aurait été plus normal. L'introduction de la nouvelle Madame X (Mme Gorge ?) commence aussi à ressembler à une erreur...
TERMA
J'aimerais écrire que "Terma" garde l'énergie de "Tunguska" mais, malheureusement, c'est là que la structure du scénario devient transparente. L'aperçu de l'audition au Congrès dans la première partie - qui impliquait des développements de grande envergure - dans ce contexte, maintenant, comporte une certaine impuissance narrative. Les scènes répétitives montrent la férocité de la dévotion de Scully à son partenaire, mais il semble claire qu'elles n'ont été incluses que pour prolonger l'intrigue, et pour donner quelque chose à faire à Scully. Le fait que demeurer bouche close au sujet de la localisation de Mulder ou autre mette la vie [de Mulder] en danger montre un manque d'imagination de la part de Spotnitz et Carter. Ils desservent Scully plutôt dans l'intention de donner aux évènements extraordinaires de Tunguska le temps d'être relatés. Là, au moins, l'aventure va son pas, quand Mulder - qui a survécu d'une manière quelconque au cliffhanger, quoiqu'on ne nous dise pas comment - s'échappe pour devenir un homme traqué. Le Krycek au double-jeu s'avère être plus que ce que nous n'avions imaginé, mais conformément (et étonnament) il devient la victime de sa propre duplicité - une justice poétique qui tourne rapidement à l'amer quand il semble que Mulder pourrait rencontrer le même destin...
Deux ou trois auditions intercalées plus tard, tout patauge un petit peu quand Mulder revient (d'une façon quelconque) aux USA à temps pour résoudre (c'est-à-dire mettre un peu de vernis sur) les nombreux, nombreux petits détails de ce non-sens étonnant et mal cuit. La citation italienne 'E pur si muove' (signifiant "et pourtant elle tourne") ne fait pas grand chose non plus pour clarifier le sujet. Même le grand Rob Bowman ne pouvait sauver celui-là. Quant au futur de ces fils conducteurs qui deviennent progressivement agaçants - arrêter de nager sur place, Monsieur Carter, et venez-en au point avant que tout ça ne devienne insondable.